Tino Rossi – Biographie générale 2/6.

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Un artiste dans une époque troublée.

En 1940, depuis le début Janvier, Tino Rossi et Mireille Balin sont en Italie, où Mireille tourne le film Les Cadets de l’Alcazar d’Augusto Genina.

En Février 1940, à Rome, Tino Rossi retrouve Jean Renoir. Chacun doit y tourner un film : La Tosca pour Jean Renoir – avec Viviane Romance et Michel Simon et Fiesta pour Tino Rossi et Mireille Balin. Bien qu’engagé et que le film doive se tourner à la mi-1940 en trois versions : italienne, espagnole et française, le film Fiesta ne verra finalement jamais le jour, en raison de la dégradation de la situation mondiale.

  • Pendant son séjour transalpin de Janvier et Février 1940, Tino Rossi en Février 1940 enregistre en napolitain, dans les studios Columbia de Milan, quatre titres inédits en France.

Le 6 mars 1940, Tino Rossi est de retour en France, à Paris, où il fait sa rentrée ce jour sur les ondes de Radio-Cité. Il y donne 5 concerts radiophoniques (6, 13, 20, 27 mars et 3 avril 1940) accompagné par l’orchestre de Georges Tzipine.

  • Au cours de ces 5 émissions, Tino y interprétera notamment les titres suivants : La  chanson d’amour – de Schubert (qu’il finira par enregistrer en 1948, sous le titre Inquiétude) ; J’attendrai ; Sérénade sans espoir ; Bonjour l’amour (non enregistrée sur disque) ; Berceuse de Jocelyn ; Où voulez-vous aller ? ; Si mes vers avaient des ailes (qu’il enregistrera en 1954) ; D’une prison ; Reviens ; Le temps des cerises ; Frou-Frou (qu’il enregistrera en 1980) ; Si vous l’aviez compris ; Paradis du rêve ; Guitare d’amour ; La belle conga ; Mia Piccolina ; Tarentelle

La classe d’âge de Tino Rossi est rappelée par l’armée. Tino est mobilisé le 20 avril 1940 et se retrouve affecté à la caserne de Nice, au dépôt n°152, le 25 avril 1940. Tout cela amuse d’ailleurs les gradés et les rappelés d’avoir en leur caserne une telle célébrité !

À cette même période, les parents de Tino Rossi sont hébergés à Cannes, pour être au plus près de leurs 3 fils qui ont tous été mobilisés.

Nota : Tino y retrouve un de ses frères, Antoine, convoqué peu avant dans la même caserne : après la fin du premier repas pris en commun, où, comme Constantin s’appelle Rossi, les gars le chambrèrent et lui demandèrent de chanter… Ils restèrent bouche-bée en entendant la même voix qu’à la TSF… Mais, lorsqu’il déclara : «Mais Tino Rossi, c’est moi, je suis Constantin, Constantino, Tino…», ils ne le crurent pas, et Tino n’insista pas. Pour continuer la blague potache, les conscrits allèrent dire à un certain Antoine Rossi, pour rigoler, qu’il y avait son « frère » Constantin Rossi (tel qu’il se présente à tous) dans la caserne… Sur ce Antoine bondit de joie, se précipita et confirma à tous qu’il s’agissait vraiment de son frère et qu’il s’agissait bien de Tino Rossi !

Ci-dessus : au dépôt n°152 à Nice, les mobilisés du secteur sont bien heureux de poser avec la vedette Tino Rossi, mobilisée avec eux !

  • 5ème, debout, en partant de la gauche : Antoine Rossi, un des frères de Tino.

Photographie X – Avril 1940 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : au dépôt n°152 à Nice, Tino Rossi au garde-à-vous avec les autres mobilisés du secteur.

  • Tino est au second rang.

Internégatif X – Avril 1940 – Coll. C. R-V.

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Tino Rossi, n’enregistre aucun titre sur disque en cette année 1940 en France. Il déclarera plus tard que le cœur n’y était pas à cette époque-là.

Après l’invasion de la France par l’ennemi allemand et la défaite de Juin 1940, Tino Rossi est démobilisé et reste dans le sud de la France.

Il convient de préciser, à toutes fins utiles, que durant les quatre années que durera le régime d’occupation, Tino Rossi ne se rendra à Paris qu’un minimum de fois, de manière très-ponctuelle et ce, pour un nombre fort restreint de galas, nonobstant les ponts d’or mirifiques que certains organismes téléguidés par une certaine propagande lui proposeront.

  • Les 7 et 8 décembre 1940, Tino Rossi, accompagné de son orchestre de guitaristes, est en représentation à Montpellier, à l’Opéra Municipal.
  • Du 12 au 20 décembre 1940, Tino Rossi se retrouve à Marseille et se fait engager au Pathé-Palace. Il offre le cachet de cette première soirée au Secours National. Il interprète notamment : la Romance de Maître PathelinReviensTristesse de ChopinBambinellaSérénade sans espoir et une dizaine d’autres succès.
  • Le 28 décembre 1940 et le 1er janvier 1941, Tino Rossi, en zone dite libre, est en gala à la Scala de Lyon ; puis, retour plein sud à Cannes et ses environs.

En 1941, sa carrière cinématographique parvient à se poursuivre tant bien que mal en zone dite libre, en particulier avec Le soleil a toujours raison (tourné entre fin Mai et Juillet 1941). 

  • Pendant le tournage, Tino Rossi séjourne à l’Hôtel Ruhl de Nice, ainsi que toute la production.

Le film produit par la firme Miramar sort cette même année en zone dite libre, mais il est mal distribué en zone occupée car n’étant pas produit par une société de droit allemand : il ne passera en zone occupée qu’en 1943.

Ce film adapté d’une nouvelle de Pierre Galante, est dialogué par l’auteur et Jacques Prévert. La distribution en est prestigieuse : Micheline Presle, Pierre Brasseur, Charles Vanel, Édouard Delmont, Charles Blavette et Germaine Montero.

Dans ce film, réalisé par Pierre Billon et mis en musique par Joseph Kosma (qui cache ses origines israélites sous le pseudonyme de Jean Marion), il interprète Le chant du gardian de Louis Gasté et Jean Féline.

  • Les chansons du film Le soleil a toujours raison seront toutefois radiodiffusées en zone dite libre par Radio-Lyon et Radio-Toulouse à partir du 4 novembre 1941, ce qui aura pour résultat de contourner le « blocus allemand » pour faire connaître le film.
  • Le 24 mars 1941, le journal FRANCE, quotidien de la France Libre édité à Londres relate dans son numéro 179, dans la rubrique intitulée DIGNITÉ que Tino Rossi a déclaré publiquement à l’occasion de la nouvelle année 1941 : « Je souhaite que la Corse reste toujours française ».

Ci-dessus : Tino Rossi en plein jardinage dans une mise en scène façon « pris sur le vif » dans sa propriété perchée sur les hauteurs de Cannes – la Villa Catari .

Photographie Ostier – Mars/Avril 1941 – Coll. C. R.V.

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Ci-contre : le reportage photographique avec Tino et Mireille Balin (sans le cliché ci-dessus) sera publié dans Vedettes du 19 avril 1941 (Coll. C. R-V.)

  • Le 26 avril 1941, Laurent Rossi, le père de Tino, décède subitement à Nice, où Tino Rossi avait installé ses parents pendant l’occupation. Selon nos informations, Tino Rossi ne peut malheureusement être présent aux obsèques.
    • Mis en terre provisoirement à Nice, Tino Rossi fera rapatrier le corps de son père par avion le 8 décembre 1941, et les obsèques ajacciennes se dérouleront le 9 décembre 1941 à 18H30 en présence d’une importante foule.
  • Le 30 mai 1941 Tino Rossi, Claude Dauphin, Mistinguett, Marguerite Moréno, Édith Piaf, Albert Préjean, Raimu, Françoise Rosay participent au Gala des Étoiles à l’Opéra de Marseille, gala caritatif organisé par la radio. Accompagnement : orchestre Jo Bouillon.

Ci-dessus : affiche Tino Rossi –  Columbia, imprimée à Monaco, en raison de l’installation quasi-permanente de Tino Rossi en zone dite libre durant l’occupation.

  • Tino Rossi ne remontant que très-parcimonieusement à Paris, lorsqu’il ne peut procéder autrement…

Lithographie Imprimerie Monégasque – d’après André – 1941 – Coll. C. R-V.

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  • Du 4 au 8 juin 1941, Tino Rossi remonte pour quatre jours à Paris et chante les 6 et 7 juin 1941 au Grand Palais en soutien à nos prisonniers détenus par l’occupant outre-Rhin.
    • À peine descendu du train, Tino Rossi déclarera sur le quai de la Gare de Lyon : « Ici ou en Corse, c’est toujours la France ».
    • Tino Rossi signe à Paris pour le futur film Fièvres puis retourne ensuite sur la Côte d’Azur pour finir le tournage du film Le Soleil a toujours raison.

Ci-dessus : Tino Rossi et Mireille Balin de retour à Paris le 4 juin 1941 dans la matinée.

  • Les voici en Gare de Lyon, interrogé par un journaliste, et accompagné à gauche par M. l’Impresario de Tino Rossi – André Trives, et par une autre personne (non identifiée).

Photographies NORA, DNP, AFP et A.B.C – 4 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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Ci-contre : le magazine Vedettes du 7 juin 1941 rend compte du grand retour de Tino Rossi à Paris (Coll. C. R-V.)

Ci-contre : arrivée de Tino Rossi devant l’Hôtel George V.

Photographie AFP – 4 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessous et ci-contre : Tino Rossi dans sa suite de l’Hôtel George V, le matin.

Photographies Parry – 5 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi dans sa suite de l’Hôtel George V, dans la journée, à Paris.

Photographie Roger-Viollet – 5 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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  • Les 6 et 7 juin 1941, Tino Rossi chante au Gala caritatif – La France Européenne – organisé par la Presse Parisienne, accompagné par l’orchestre de Jacques Météhen, habillé de son costume corse de scène.
    • En plus de ses succès déjà célèbres, Tino y interprète pour la première fois les titres suivants : Mon étoile et Toi, que mon cœur appelle qui seront édités en 78 tours, ainsi que Dis-moi bonsoir (de Louis Poterat – qu’il n’enregistrera pas.)
    • Tino Rossi est accompagné pour la première fois par Pierre Spiers au piano, rencontré par hasard à Paris chez leur dentiste commun pour une rage de dents ; le pianiste attitré de Tino n’ayant pu remonter de Marseille à Paris…

Ci-contre : Tino Rossi lors de la répétition le matin du 6 juin.

Photographie Le Matin (très retouchée!) – 6 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi lors de la répétition le 6 juin 1941 le matin.

Photographies Libération Soir – 6 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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  • Dans l’après-midi, avant le début du gala sur la scène du Grand Palais, Tino Rossi participe au cocktail de retrouvailles des vedettes, qui, pour la plupart, ne se sont pas revues depuis la capitulation de Juin 1940. L’on reconnaît Suzy Solidor, Marie Bizet et Cécile Sorel.

Ci-dessus : cocktail l’après-midi dans les coulisses du Grand Palais, Tino Rossi entouré à gauche par Suzy Solidor et Marie Bizet, et à droite par Cécile Sorel.

Photographie Libération Soir – 6 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi sur la scène du Grand Palais, pour le Gala de la France Européenne.

Photographies NORA – 6 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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  • Avant de remonter sur la scène du Grand Palais le 7 juin 1941, Tino Rossi fait un saut à Radio Paris pour y interpréter ses futurs succès, extraits du film alors en cours de tournage à Nice : « Le soleil a toujours raison », ainsi que la chanson jamais enregistrée sur disque : « Dis-moi bonsoir » (de Louis Poterat) et enfin « Sérénade Portugaise » (de Charles Trenet).

Ci-dessus : Tino Rossi dans les studios de radiodiffusion de Radio Paris.

Photographie SAFARA – 7 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : réception donnée en l’honneur de Tino Rossi au bar de Radio-Paris, avant l’émission.

  • de g-à-d : M. le Chef des Services de Presse de Radio-Paris – Roland Tessier ; M. le Redacteur en Chef du journal « Le Matin » – Jacques Ménard ; Mme Lucienne Delforge (Pianiste et Critique Française) ; Tino Rossi ; M. Raymond Legrand (Chef d’Orchestre).

Photographie SAFARA – 7 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi sur la scène du Grand Palais, pour le Gala de la France Européenne.

Photographie Roger-Viollet – 7 juin 1941 – Coll. C. R-V.

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À partir de la fin Août 1941, dans la région de Royan, commence le tournage du film Fièvres sous la direction de Jean Delannoy, qui parlera d’un « succès mondial, peut-être le plus grand de toute [sa] carrière », avec Madeleine Sologne, Jacqueline Delubac et Ginette Leclerc.

Outre la chanson Maria (de Roger Lucchesi et Jean Féline), il y chante l’Ave Maria de Schubert, qui va vite devenir l’un de ses tubes, plébiscité notamment durant la Seconde Guerre mondiale par les prisonniers qui jonchent les planches de billets en le réclamant à Tino Rossi.

  • Tino chantera l’Ave Maria de Schubert notamment lors de la croisière inaugurale du paquebot France, en Janvier 1962 (dont il fut, à la demande de la marraine du paquebot, Yvonne de Gaulle, l’artiste invité d’honneur, assisté de l’humoriste Jean Rigaux), puis le 19 décembre 1963 sur la scène de l’Opéra de Paris (accompagné en duplex par Pierre Cochereau, titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris) à l’occasion du grand gala de présentation du film d’Otto Preminger Le Cardinal.
  • Le 4 septembre 1941, Tino Rossi est de retour à Paris pour tourner, aux côtés de Madeleine Sologne, dans le film Fièvres. Le tournage débute en studio, le 8 septembre 1941.

Ci-dessus : Tino Rossi de retour à Paris, en Gare de Lyon.

Photographie X – 4 septembre 1941 – Coll. C. R-V.

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Ci-contre : Tino Rossi à Paris, au Restaurant « Chez Francis », place de l’Alma.

Photographie Lido – Septembre 1941 – Coll. C. R-V.

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  • Le 24 septembre 1941, Tino Rossi en voiture victime d’un accident de la circulation à Paris, à l’angle des Boulevard Montparnasse et Raspail. Il est accompagné du chef d’orchestre Raymond Legrand. L’accident ne se limite qu’à de la tôle froissée.
  • Le 28 septembre 1941, Tino Rossi donne un concert à Radio Paris accompagné par Raymond Legrand et son orchestre. Il y chante notamment Ma Ritournelle et Un soir, une nuit – de Henri Bourtayre, deux chansons du futur film Fièvres. Fait remarquable, M. Raymond Legrand cachait régulièrement dans son orchestre au nez de l’occupant des musiciens israélites et profitait de ses tournées en France et à l’étranger pour les faire sortir des territoires sous domination allemande. Tino Rossi en était d’ailleurs au courant.
  • Le 29 octobre 1941, Tino Rossi vient boire le verre de l’amitié avec ses deux frères Joseph et Antoine, Rue Le Pelletier à Paris, à l’occasion de l’ouverture de leur bar.
  • Le 8 décembre 1941, Tino Rossi rentre en Corse en avion, avec la dépouille mortelle de son père Laurent Rossi, décédé depuis le 26 avril 1941.
  • Le 9 décembre 1941, Laurent Rossi, le père de Tino Rossi, est mis en terre à Ajaccio, après la messe d’obsèques en la Cathédrale d’Ajaccio.
  • Le 14 décembre 1941, Tino Rossi donne le coup d’envoi, au Stade Jean Lluis d’Ajaccio, d’un match de football entre l’A.C.A et Union Sportive Cortenaise.
  • Le 31 décembre 1941, pour la nuit de la Saint-Sylvestre, Élyane Célis, Maurice Chevalier et Tino Rossi donnent un gala radiodiffusé sur Radio-Paris. Tino Rossi chante de 23H20 à minuit. Le chef d’Orchestre est M. Julien Prévost.

Ci-contre : après le gala radiodiffusé de la Saint-Sylvestre 41′ avec Tino Rossi à Paris, le programme officiel de la radio nationale française fait sa couverture avec Tino.

Radio National – du 11 au 17 janvier 1942 – Coll. C. R-V.

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En 1942, Tino Rossi en ce mois de janvier est à Marseille. Mais il repasse par Paris. Il donne pour quelques fois durant cette si difficile période des concerts radiophoniques.

La situation devient encore plus dure à supporter pour tous les français. En plus des pénuries alimentaires et de carburant qui se multiplient, même la matière pour fabriquer les disques manque sérieusement, du fait du pillage organisé par l’occupant de toutes les matières premières : la pâte pour fabriquer les disques manque ! On en arrive même à recycler les vieux disques à saphir hors d’âge en les passant à la broyeuse… On fabrique la pâte avec tout ce que l’on trouve… Il en résultera souvent une qualité d’audition fort dégradée, avec des disques qui « grattent ».

Même le beau papier manque pour la fabrication des étiquettes des disques : finie la belle encre dorée sur le beau papier noir-brillant… L’on se contentera juste de papier blanc très ordinaire et d’encre noire, marron ou bleue de basse qualité pour les disques…

De surcroît, la cire pure que l’on emploie pour enregistrer la voix en studio, manque, elle aussi… Ainsi, l’on rabote les flancs pour refaire des prises et surtout l’on n’enregistre que très peu de disques… (sans compter la censure…).

Les temps sont très durs et Tino Rossi ne pourra enregistrer en cette année 1942 que 6 chansons, soit seulement trois 78 tours sur une seule année ce qui est ridiculement faible. L’année 1942 sera la pire année en France au niveau enregistrement et fabrication de toute l’histoire du disque…

  • Le 29 janvier 1942, un concert à Radio-Paris, animé par Maurice Martelier ; avec Raymond Legrand et son orchestre. Tino Rossi y interprète les chansons suivantes : Mon refrain vole ; Ah ! les femmes ! (les partitions existent, mais n’ont jamais été enregistrées sur disque) ; Ma ritournelle ; Maria ; Mon étoile et Quand tu reverras ton village de Charles Trenet.
  • Le 6 février 1942, Tino Rossi se produit à Radio Paris avec l’orchestre Jo Bouillon (l’époux à la ville de Joséphine Baker).
  • Début Février 1942, Tino Rossi, encore à Paris, signe son contrat à l’A.B.C, pour une série de galas du 3 avril 1942 au 9 mai 1942 (avec deux galas par jour, à 15H00 et à 20H00).

Ci-dessus : Tino Rossi signant son contrat dans les murs de l’A.B.C.

  • à gauche, probablement André Trives, l’impresario de Tino, en remplacement de Félix Marouani contraint de fuir le pays pour sauver sa vie.

Photographie Lido – Février 1942 – Coll. C. R-V.

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  • Le 26 février 1942, Tino Rossi, à Nice, remet un don de cinq mille francs à l’Œuvre des Cantines Scolaires d’Ajaccio, par l’intermédiaire d’une Conseillère Municipale d’Ajaccio de passage.

Ci-dessus : en raison des pénuries de carburant, Tino Rossi est contraint de rouler en vélo-taxi. Ici, à Cannes, en Mars 1942.

Photographie DNP – Mars 1942 – Coll. C. R-V.

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  • Le 27 mars 1942, Tino Rossi remonte à Paris en provenance de Marseille, pour La Nuit du Cinéma, puis l’A.B.C.

Ci-contre : Tino Rossi descendant du train, en Gare de Lyon, à Paris, à 9H40.

  • accueilli par M. le Professeur Golluer, le commanditaire-gérant de l’A.B.C

 Photographie Le Matin – 27 mars 1942 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi à sa descente du train en Gare de Lyon, à Paris, de retour de Marseille.

  • Il est accueilli par M. le Professeur Golluer, le commanditaire-gérant de l’A.B.C (à gauche, grosses lunettes), et par les nombreux admirateurs, dont Mme Suzanne Gaborit (à droite, chapeau noir), une admiratrice du Club Tino Rossi.
  • Tino serre la main des cheminots qui ont un travail d’une grande pénibilité sur les locomotives à vapeur.

Photographie Le Matin – 27 mars 1942 – Coll. C. R-V.

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Ci-contre : Tino Rossi sur la Ligne 1 du Métropolitain de Paris, de Gare de Lyon à George V, rejoignant sa suite de l’Hôtel George V.

  • Accompagné par M. le Professeur Golluer (Commanditaire-gérant de l’A.B.C), Tino présente son ticket au poinçonneur…
  • À gauche, M. André Trives (Impresario de Tino) ; et avec son chapeau noir, Mme Suzanne Gaborit, la tinorossiste acharnée !
  • Cliché pris dans la rame, à hauteur de la station Concorde de la Ligne 1, à 10h05, en wagon 1ère classe.

Photographie Libération Soir  – 27 mars 1942 – Coll. C. R-V.

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  • Le 28 mars 1942, Tino Rossi participe avec Fernandel, Sacha Guitry, Raimu, Fernand Charpin, Mistinguett, Raymond Legrand et son orchestre à La Nuit du Cinéma au Gaumont-Palace, gala de charité au bénéfice des prisonniers de guerre.

Ci-dessus : programme publicitaire du gala La Nuit du Cinéma du 28 mars 1942. (Coll. M. Alain Brochet.)

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Ci-dessus : Tino Rossi dans la loge du Gaumont-Palace, à Paris, pendant le gala La Nuit du Cinéma.

  •  Debout, le Professeur Golluer, gérant de l’A.B.C pendant l’occupation (son directeur fondateur Mitty Goldin ayant fui le pays pour sauver sa vie en 1940).

Photographie Lido – 28 mars 1942 – Coll. C. R-V.

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  • Le 31 mars 1942, Tino Rossi participe, après la projection du film Fièvres au cinéma Cinéphone des Champs-Elysées à une séance de dédicaces géante, donnant satisfaction à plusieurs centaines de ses admirateurs et admiratrices dans l’après-midi.
  • Ci-contre : en compagnie de l’admiratrice Germaine Fouqueret, du Club Tino Rossi, qui profite de la séance de dédicace et de la projection (Photographie X – 31 mars 1942 – Coll. C. R-V.)

  • Du 3 avril 1942 jusqu’au 9 mai 1942, Tino Rossi remonte sur la scène de l’A.B.C.
    • Le premier soir, fait inhabituel, il est victime du trac, et le dira lui même sur scène. Les ovations du public redoublèrent de plus belle et guérirent Tino.
    • Tino Rossi y interprète notamment : ReginellaMa ritournelleQuand tu reverras ton village et Ô mon étoile – de Charles Trenet (jamais enregistrée sur disque). Tino chante sur scène l’Ave Maria – de Gounod, comme une forme de prière demandée par le public pour les prisonniers, et c’est à partir de cette époque qu’il a intégré ce titre religieux à son tour de chant…
    • C’est à l’A.B.C. que Tino est accompagné pour la première fois au piano par Pierre Spiers – ils s’étaient rencontrés par hasard et pour la première fois chez leur dentiste commun à Paris.
    • Reportage Tino Rossi dans Paris avec le gérant de l’A.B.C – M. Golluer – Ciné Miroir n°33 du 10 avril 1942. Coll. M. Alain Brochet.

Ci-dessus : en panne sèche à Paris, Rue Saint-Fiacre, à côté de l’A.B.C, Tino Rossi pousse la Simca 5 pour la garer…

Photographie X – Avril 1942 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : durant son engagement à l’A.B.C, Tino Rossi loge à l’Hôtel Beaujolais, à Paris.

  • Ici, en voiture Simca 5, immatriculée 9354-RM3, en face de l’hôtel.

Photographie X – Mai 1942 – Coll. C. R-V.

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  • En Avril 1942, l’on apprend que Tino Rossi rempilerait pour un nouveau film musical dénommé : Prenez garde au Troubadour. Ce projet de film policier n’aboutira pas.
  • Le 14 avril 1942, Tino Rossi déjeune dans un restaurant parisien avec Monsieur et Madame Jean Silombra (philatéliste réputé jadis), à la suite d’une vente aux enchères, lors de la Nuit du Cinéma du 28 mars 1942, où Madame Silombra gagna une robe de haute-couture. Un déjeuner avec Tino Rossi était proposé à la gagnante de l’enchère. L’on notera que M. et Mme Silombra se rencontrèrent et tombèrent amoureux en 1937 dans une salle de cinéma, lors de la projection du film Naples au Baiser de Feu. Sont aussi présents M. André Trives (Impresario de Tino Rossi) ainsi que M. le Professeur Golluer (Commanditaire-Gérant de l’A.B.C. pendant la guerre). L’après-midi même, Tino Rossi monte sur la scène de l’A.B.C à 16H20, et le couple Silombra l’écoute alors chanter.

Ci-dessus : Tino Rossi entouré de Mme Silombra en tant qu’invitée privilégiée et de son époux M. Jean Silombra (philatéliste de renom) au déjeuner promis à la vainqueur d’une vente aux enchères durant la Nuit du Cinéma 1942.

Photographie De Morgoli – 14 avril 1942 – Coll. C. R-V.

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  • Le 30 avril 1942, Tino Rossi préside un déjeuner en faveur de 400 enfants de prisonniers et d’orphelins de guerre, dans le grand restaurant Globe au 8, boulevard de Strasbourg, à Paris.

Ci-dessus : Tino Rossi au déjeuner qu’il préside, au Globe, à Paris, pour les enfants de prisonniers et d’orphelins de guerre.

  • On voit que les enfants n’ont pas un gramme de graisse en trop…

Photographie Le Matin – 30 avril 1942 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi au déjeuner qu’il préside, au Globe, à Paris, pour les enfants de prisonniers et d’orphelins de guerre.

  • Au moment de la séance de dédicace, à sa droite, l’on reconnaît M. le Professeur Golluer (Commanditaire-gérant de l’A.B.C de Paris) et encore plus à droite : Suzy Delair.

Photographie Le Matin – 30 avril 1942 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi au déjeuner qu’il préside, au Globe, à Paris, pour les enfants de prisonniers et d’orphelins de guerre.

  • Au au milieu des enfants.
  • À droite, l’on reconnaît M. le Professeur Golluer (Commanditaire-gérant de l’A.B.C de Paris).

Photographie Le Matin – 30 avril 1942 – Coll. C. R-V.

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  • Le 1er mai 1942, avec l’orchestre Raymond Legrand, il est cueilli à l’A.B.C et conduit manu militari au Théâtre de l’Empire interpréter deux ou trois chansons lors d’un gala en faveur de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme, sa participation ayant été annoncée la veille, à son insu, dans la presse. Étaient aussi « réquisitionnés » André Claveau, Johnny Hess, André Pasdoc, Cécile Sorel, Suzy Solidor, Betty Spell…
  • En Été 1942, Tino Rossi réside sur la Côte d’Azur. Il loge à Nice, à l’Hôtel Le Royal.
  • En Juillet 1942, Tino Rossi signe un projet de film intitulé : « Je ne suis pas M. Grayton » et perçoit une avance de 200.000 sur le cachet de 1.200.000 francs.
  • Mais le producteur ne fournit pas le script dans le délai imparti et le film ne se fait pas.
  • Ce producteur tente de récupérer l’avance mais le Tribunal civil de Grasse en décide autrement, constatant la défaillance du producteur dans son jugement rendu public le 4 août 1943.
  • Le 24 décembre 1942, Tino Rossi chante en gala pour le soir de Noël à Radio Paris, accompagné par Jo Bouillon et son orchestre. Il y interprète en direct notamment : Minuit Chrétiens ! (pourtant interdit par l’occupant) ; Credo (de V. Scotto) ; Bel ami et Mon étoile.

Ci-dessus : Tino Rossi en gala en direct sur Radio Paris, pour le réveillon de Noël 1942.

Photographie Lido – 24 décembre 1942 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi après la répétition et avant le gala en direct sur Radio Paris, pour le réveillon de Noël 1942.

Photographie Lido – 24 décembre 1942 – Coll. C. R-V.

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En 1943, dans Le Chant de l’exilé, réalisé en 1942 par André Hugon et brillamment dialogué par Yves Mirande, devenu Basque, Tino Rossi chante Paquita et Ce matin même (paroles d’Édith Piaf), puis s’engage patriotiquement dans les Pionniers du Sahara, au grand dam des autorités allemandes qui voient dans ce scénario une propagande en faveur de la Résistance.

Quelques mois plus tard, sort Mon amour est près de toi (de Richard Pottier), seul film tourné par Tino Rossi sous l’égide de La Continental allemande, distribuée en France par Tobis Films. Les chansons de ce film (Madame la nuit, Quand on est marinier, J’ai deux mots dans mon cœur et Quel beau jour, mon amour) sont signées notamment Vincent Scotto, Roger Lucchesi et Francis Lopez, jeune dentiste débutant dans la chanson…

Le film Le Chant de l’Exilé, ainsi que les films précédents Fièvres et Le Soleil a Toujours Raison sont d’ailleurs attaqués avec virulence par le journal collaborationniste Je suis partout. Dans cette rédaction, les journalistes exècrent la personne de M. Tino Rossi. N’en déplaise à la presse de collaboration, Tino reste Tino et le public lui conserve tout son amour durant ces années noires.

Durant cette année, Tino Rossi se produit très peu en public. Il limite d’ailleurs au strict minimum ses apparitions à Paris. Ainsi nous ne notons que quelques galas donnés en cette année 1943, et encore s’agit-il de galas de charité, dont Tino ne touche aucun cachet.

Le mois de Février 1943 se distingue par la tournée de Tino Rossi en Belgique durant deux semaines. Dans cette période de grand désarroi, les distractions sont rares. Dès son arrivée en gare de Bruxelles, Tino Rossi est accueilli comme un roi en Belgique. Le public belge qui subit de plein fouet le froid de l’hiver, les restrictions, les pénuries et les menaces de toutes sortes, accueille Tino Rossi à bras ouverts. Des fans se privent de cigarettes pour lui offrir un ou deux paquets… À Bruxelles, l’Hôtel Métropole est pris d’assaut… Tino est invité partout chez des particuliers désireux de l’approcher… Le cortège de ses admiratrices d’outre-Quiévrain lui déclare son amour inconditionnel directement ou par lettre interposée… D’autres lui écrivent pour lui demander de l’aide… Ou pour chanter des chansons. Parmi, sont souvent demandées l‘Ave Maria de SchubertCatari-CatariQuand tu reverras ton village et Bonsoir à la France

  • Le 5 février 1943, Tino Rossi arrive en Belgique, et s’installe ce jour à l’Hôtel Métropole, Place de Brouckère, à Bruxelles.
    • Pour échapper à ses admiratrices un peu trop pressantes, Tino doit descendre du train en gare de Bruxelles peu avant l’arrivée à quai… Mais il est quand même rattrapé !

Ci-dessus : Tino Rossi accompagné de ses musiciens en gare de Bruxelles, tentant une arrivée discrète en Belgique, en ayant quitté le train à contre-voie.

Photographie Némerlin – 5 février 1943 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi en gare de Bruxelles rejoint et cerné par les fans, sous protection de la Police Communale.

Photographie Sipho – 5 février 1943 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi en gare de Bruxelles rejoint et cerné par les fans, sous protection de la Police Communale.

Photographie Némerlin – 5 février 1943 – Coll. C. R-V.

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  • Le 8 février 1943, Tino Rossi donne un récital à Liège, au Théâtre Royal.
  • Le 9 février 1943, Tino Rossi donne un récital à Namur.
  • Le 10 février 1943, Tino Rossi donne un récital dans le Borinage (zone minière de Belgique), près de Mons.
  • Le 11 février 1943, Tino Rossi donne un récital à Mouscron, au Rex.
  • Les 13 et 15 février 1943, Tino Rossi donne des récitals à Bruxelles, au Palais des Beaux-arts.
  • Le 14 février 1943, Tino Rossi donne un récital à Bruxelles, au Théâtre Empire.

Ci-dessus : Tino Rossi lors d’une répétition sur la scène du Palais des Beaux Arts, à Bruxelles, en discussion avec un membre de la direction.

Photographie Némerlin – 13, 14 ou 15 février 1943 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi chez-lui, 35, rue de Berri, de retour de tournée de Belgique.

Photographie Lido – Circa 22 février 1943 – Coll. C. R-V.

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  • Le 27 février 1943, Tino Rossi participe à un gala de charité La Nuit du Cinéma organisé par le Comité de l’Organisation de l’Industrie Cinématographique, au Gaumont Palace, à Paris. Sont notamment présentes les vedettes suivantes : Charles Trenet, Raimu, Gaby Morlay, Edwige Feuillère, Arletty, Jeanne Fusier-Gir, Hélène Perdrière, Noël-Noël, Serge Lifar, Bordas, André Claveau, Micheline Presle, Aimé Barelli, Sacha Guitry…
  • Le 9 mai 1943, Tino Rossi participe à la messe commémorant la 122ème année du décès de S. M. Napoléon Ier – Empereur, en l’Église Saint-Louis des Invalides, à Paris.
    • Tino y interprète l’Ave Maria (de Gounod) et l’Ajaccienne.

Ci-dessus : carton d’invitation à la messe commémorative en la mémoire de Napoléon Ier, Empereur des Français – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi en l’église Saint-Louis des Invalides, rendant hommage à Napoléon Ier – Empereur, par son art.

Photographies Zucca – 9 mai 1943 – Coll. C. R-V.

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  • Le 16 mai 1943, Tino Rossi participe à une vente aux enchères qui se tient dans l’Hôtel de Ville de Saint-Denis, au bénéfice des prisonniers de guerre de cette ville.
  • Le 19 mai 1943, Tino Rossi participe à un gala de charité organisé par la municipalité d’Aubervilliers au bénéfice des prisonniers de guerre de cette ville.

Ci-dessus : Tino Rossi en gala de charité à Aubervilliers, pour les prisonniers de guerre en Allemagne de cette ville.

Photographie X – 19 mai 1943 – Coll. C. R-V.

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  • Le 6 août 1943, Tino Rossi participe à un gala de charité donné au Gaumont-Palace de Paris pour les familles des travailleurs français en Allemagne, accompagné de Raymond Legrand et son orchestre.
  • En Septembre/Octobre 1943, Tino Rossi, accompagné de Lilia Vetti, passe la fin de l’été dans les Alpes-Maritimes (où il s’est réfugié le plus clair de son temps depuis l’invasion).

Ci-contre : Tino Rossi et Lilia Vetti dans les rues de Cannes.

Photographie X – Septembre 1943 – Coll. C. R-V.

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  • Le 10 novembre 1943, Tino Rossi apporte son soutien à un gala de charité en faveur des prisonniers corses, donné à Paris, à l’Opéra Comique, uniquement par des chanteurs d’opéra corses tels que les ténors José Luccioni et Gaston Micheletti. Il n’y chante pas.
  • Le 2 décembre 1943, Tino Rossi participe avec moult vedettes (Édith Piaf, Albert Préjean, Léo Marjane, Michel Simon, Lucienne Boyer, Paul Colline, Lys Gauty, Georgius, Reine Paulet et les orchestres Raymond Legrand, Richard Blareau, Alix Combelle…) à un gala de charité donné à l’A.B.C de Paris en faveur des artistes de music-hall prisonniers de guerre.

Ci-dessus : les deux livrets miniatures (10x13cm) de chansons de Tino Rossi parus en 1943.

  • les rares objets dérivés vendus pendant l’occupation, en France.

Décembre 1943 – Coll. C. R-V.

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Ci-contre : grand album (24×32) Paul Beuscher de 12 partitions des succès de Tino Rossi, paru en 1943. Inclut les derniers succès du film Le Chant de l’Exilé (Coll. C. R-V).

En 1944, Tino Rossi ne participe qu’à très peu de galas.

  • Le 16 janvier 1944, Tino Rossi est en gala de charité au Théâtre Municipal de Fontainebleau, au profit du « Livret du Prisonnier » et de « l’Aide aux Lorientais », accompagné notamment de Louise Carletti et de Paul Colline.
  • Le 19 janvier 1944, Tino Rossi signe un bail de location dans un appartement sis au 35, rue de Berri, au 5ème étage, à Paris, et y emménage avec sa concubine d’alors : Lilia Vetti. Dans la foulée, il fera venir sa maman devenue veuve en 1941.
  • Le 20 janvier 1944, Tino Rossi est présent, parmi d’autres vedettes à une remise de dons aux Petits Poulbots (pour les enfants nécessiteux de la Butte Montmartre). L’événement se déroule au Club Baccara, rue de Ponthieu, à Paris.

Ci-dessus et ci-contre : Tino Rossi présent pour l’événement de charité au Club Baccara, à côté de Lucien Gallas (copropriétaire, avec Ginette Leclerc, de ce cabaret).

Photographies Le Matin – 20 janvier 1944 – Coll. C. R-V.

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  • Le 22 janvier 1944, Tino Rossi est en gala de charité au Palais de Chaillot, à Paris, pour les travailleurs d’une usine de la région parisienne. Il y interprète ses 4 nouveaux succès, accompagné par Pierre Spiers et son orchestre : Corsica bellaJ’ai deux mots dans mon coeurLe joyeux banditBonsoir à la France. Puis, en raison des rappels insistants du public, doit poursuivre par ses titres déjà connus, tels que Tchi-TchiMaria

Ci-dessus : Tino Rossi sur la scène du Palais de Chaillot, pour un gala de charité.

Photographie Fulgur – 22 janvier 1944 – Coll. C. R-V.

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  • Le 24 mars 1944, Tino Rossi est en séance d’enregistrements dans un petit studio de Paris, Rue Pelouze. Ce jour-là, il enregistre sur cire les titres suivants : « Bonsoir, Madame la Lune (CL7917.1) »« Le Biniou (CL7918.1) »« Je sais que vous êtes jolie (CL7919.1) » et « Ruisseau (de Roger Dumas) (CL7920.1) ».
    • Ce jour-là est d’ailleurs présent dans les murs Francis Salabert, le célèbre éditeur.
    • Tino Rossi est très mécontent de la séance au point de vue technique, les équipements techniques de ce studio d’enregistrement n’étaient pas terribles (comme le précise lui-même M. Tino Rossi le 26 janvier 1974).
    • C’est la seule fois où Tino Rossi refusera l’intégralité d’une séance d’enregistrements (soit 4 titres).
    • Malheureusement, aucun test-pressing ni aucune mère métallique de cette séance n’ont jamais été retrouvés jusqu’à aujourd’hui.
      • Le refus qui semble être rapidement intervenu soit dès la fin de la séance soit quelques jours après le tirage de mères métalliques qui, une fois écoutées, ont pu être détruites assez rapidement, étant donné le cas rarissime où TOUS les enregistrements avaient été techniquement ratés…
    • Les circonstances et le motif exceptionnels du rejet intégral de cette séance d’enregistrements expliquent malheureusement la disparition probablement définitive de ces 4 chansons jamais retrouvées jusques alors, bien qu’un miracle reste toujours possible (quelques test-pressing ayant pu être emportés par un employé de l’usine Pathé au lieu d’être détruits jadis).
  • Le 6 mai 1944 à 11H30 , Tino Rossi participe à la messe commémorant la 123ème année du décès de S. M. Napoléon Ier – Empereur, en l’église Saint-Augustin à Paris la cérémonie. Messe déplacée cette année-ci. (Nous ne savons pas si Tino y chante).

Ci-dessus : Tino Rossi présent pour la messe en hommage à Napoléon Ier – Empereur, le 6 mai 1944 à l’église Saint-Augustin à Paris. Tino Rossi discute avec un inconnu.

  • Derrière Tino, chauve, son secrétaire particulier de l’époque M. Achille de Susini.
  • À sa droite, avec chapeau noir et lunettes, son impresario M. André Trives.
  • À sa droite, avec lunettes rondes cul-de-bouteille, le Directeur de l’A.B.C pendant l’occupation, le Professeur Golluer.

Photographies LAPI – 6 mai 1944 – Coll. C. R-V.

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Le 24 mai 1944, sort L’Île d’amour, « peut-être le meilleur film de Tino Rossi » selon Jean Tulard qui le compare à Colomba (1933). Colomba est également considéré comme le premier film écologiste de l’histoire du cinéma, il met en scène un promoteur immobilier qui veut transformer un village (dont le rôle du maire est tenu par Fernand Charpin) en station balnéaire. La population s’enflamme… Et Tino chante Mon île d’amour, Tendre sérénade, Le joyeux bandit et La complainte corse de Roger Lucchesi.

  • Les allemands ayant interdit le tournage du film L’Île d’amour en Corse, le réalisateur Maurice Cam se replie sur la Côte d’Azur sous le contrôle d’un superviseur de l’Axe qui veille à ce qu’aucun objectif militaire ne se trouve dans le champ des caméras. Tournée à son insu, la scène finale vaudra une convocation générale de l’équipe au bureau militaire.

Ci-dessus : l’acteur Edouard Delmont et Tino Rossi à Paris, angle de la rue de Berri (où il habite au numéro 35) et de la rue de Ponthieu.

Photographie (planche-contact) X – 15 juin 1944 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi,  Nita Raya et deux amies en promenade Avenue George V et devant le Fouquet’s, dans Paris Libéré.

Photographies Lido – Fin Août 1944 – Coll. C. R-V.

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Tino Rossi décide d’installer sa maman, Eugénie, chez lui, à Paris en 1944.

  • Née en 1874 et devenue veuve pendant l’occupation, Eugénie Rossi est une mère de famille très-usée par une nombreuse progéniture et une vie très-dure de labeur. Elle décède le 26 mai 1951 à Paris. Le 1er juin 1951, sa dépouille mortelle quitte le port de Marseille pour la Corse par le navire de la Transatlantique « Commandant Quéré » à 18H15 – accompagnée par Tino Rossi ainsi que par M. le Maire de Cassis – le Docteur Charles Agostini qui n’a pas voulu laisser seul Tino dans une telle circonstance. Elle est inhumée le 2 juin 1951 à Ajaccio.
  • Le jour de son décès, Tino Rossi reçut un télégramme que son épouse Lilia lui porta. Il revenait d’un essayage de costumes du film Au pays du soleil. La terre se déroba sous ses pieds. Et pourtant, il lui fallut continuer à tourner, et à tourner les scènes joyeuses de cette comédie méditerranéenne en riant, en faisant fi de son atroce chagrin alors qu’il avait surtout envie de pleurer.

Ci-dessus: Tino Rossi et sa maman au 35, rue de Berri à Paris.

Photographie X – Février 1946 – Coll. C. R-V.

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Un Noël en prison…

Durant l’Occupation, Tino Rossi chante à plusieurs reprises Quand tu reverras ton village« la chanson d’espoir de tous les prisonniers de guerre », composée pour lui par Charles Trenet.

Tino, en revanche, refuse un cachet conséquent pour enregistrer Maréchal, nous voilà et sollicite très régulièrement de plusieurs médecins, notamment l’oncle O.R.L. du futur journaliste Yves Mourousi, des certificats de complaisance afin de ne pas honorer « certaines invitations pressantes ».

Mais ces échappatoires ne sont pas toujours suffisantes, en cette époque où le droit ne règne pas.

Ainsi, le 1er mai 1942, Tino est cueilli à 18H00 avec Raymond Legrand et son orchestre à l’A.B.C alors qu’il devait y donner sa dernière représentation et conduit manu militari par une équipe de miliciens au Théâtre de l’Empire interpréter deux chansons lors d’un gala en faveur de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme, sa participation ayant été affichée la veille dans les rues et imprimée dans quelques journaux du soir, à son insu, malgré avoir « prétexté la fatigue pour ne pas chanter ».

Tino Rossi sera donc obligé de participer à ce concert comme les autres vedettes telles qu’André Claveau, Johny Hess, Annette Lajon, André Pasdoc ou encore Cécile Sorel et Suzy Solidor…

En état d’occupation, l’on ne fait pas ce que l’on veut et l’on fait parfois ce que l’on ne veut pas…

D’autre part, tandis qu’à Marseille Lilia Vetti sauve Georges Cravenne (né Cohen) d’une arrestation par la gestapo, Tino Rossi cache dans son orchestre en tant que pianiste le compositeur juif polonais Norbert Glanzberg, qui deviendra son accompagnateur après la guerre. Édith Piaf, Georges Auric et Mistinguett le protègent alors également.

Pourtant, malgré ce rempart amical, le 2 mai 1943, Norbert Glanzberg est arrêté et condamné à une peine d’emprisonnement de six mois, à Nice, pour détention de faux papiers. Tino Rossi alerte l’actrice Marie Bell. Avec la complicité de l’intendant régional de police Paul Duraffour et d’un gardien de prison corse, ils réussissent à le faire évader au mois d’Août 1943.

Par ailleurs, une ancienne amitié corse liait Tino Rossi à Étienne Leandri, comme lui habitué du Fouquet’s, et il connaissait nombre de figures corses du milieu marseillais, dont le parrain Paul Carbone, mort le 15 décembre 1943 dans le déraillement du train de nuit Marseille-Paris provoqué par la Résistance qui visait des permissionnaires allemands, ainsi que son associé François Spirito ; tous deux faisaient des affaires avec l’Occupant.

Comme de nombreuses célébrités, dont la réussite attisait depuis des années bien des jalousies les ennuis vont vite se manifester…

  • Le 20 septembre 1944, Tino Rossi est entendu par la Police, au 25, rue du Faubourg Montmartre, à Paris, pour recueillir son témoignage à propos d’une affaire ne le concernant pas.  C’est ainsi que l’information est relatée par le journal Franc-Tireur du 21 septembre 1944, en précisant bien qu’il ne s’agit pas de délit de collaboration le concernant.
  • Le 7 octobre 1944, Tino Rossi fait sa rentrée à Paris et chante pour un gala de charité au Moulin Rouge avec notamment Yves Montand, André Pasdoc, Édith Piaf, Mistinguett, Les Compagnons de la chanson, Gus Viseur, Damia et Charpini, pour Les Vieux de Montmartre (il en avait été autorisé par la police le 2 octobre 1944).
    • Tino Rossi y interprète  : La chanson du joli vent ; Ce n’est plus la même chanson ; Le joyeux bandit ; Ce matin même et Quand tu reverras ton village.
    • Mais à la fin du gala, plusieurs policiers, affirmant être à la recherche de renseignements sur un fugitif Corse (motif bidon), attendent Tino dans les coulisses du Moulin Rouge pour l’embarquer en garde à vue dès la fin du spectacle. Amené au quai de Gesvres, il sera présenté à M. le Juge Donsimoni.

Ci-dessus : Tino Rossi qui arrive au Quai de Gesvres, escorté par des Inspecteurs de Police, jusqu’au bureau de M. le Juge d’Instruction Donsimoni pour être interrogé.

  • Le port des menottes, à ce stade, est strictement réglementaire, ce qui ne manque pas de surprendre un peu Tino, personnage public qui ne compte pas commencer une quelconque carrière de fugitif. Elles sont retirées dans le bureau de M. le Juge d’Instruction.

Photographies Libération Soir – 7 octobre 1944 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi entendu par M. le Juge d’Instruction Donsimoni.

  • L’ambiance est à la détente. Tino peut fournir toutes les explications demandées par M. le Juge d’Instruction, et tout malentendu semble alors s’être dissipé.

Photographies Libération Soir – 7 octobre 1944 – Coll. C. R-V.

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Ci-dessus : Tino Rossi libéré par M. le Juge d’Intsruction, fumant une cigarette, s’apprêtant à quitter le Quai de Gesvres avec son avocat.

  • Tino Rossi pense en toute sincérité en avoir fini avec la Justice, mais hélas, la Police l’a toujours dans son collimateur. Certains lézards ont besoin de justifier leur Traitement Indiciaire…

Photographie Libération Soir – 7 octobre 1944 – Coll. C. R-V.

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  • Le 10 octobre 1944, Tino Rossi est finalement placé officiellement en état d’arrestation.

Au commissariat, Tino Rossi est interrogé à propos d’une bande de malfaiteurs corses dirigée par un certain Étienne Léandri avec qui il entretiendrait des relations à déterminer. Tino Rossi reconnaît d’ailleurs connaître l’individu en question, mais ignorer tout de ses activités en relation avec la Gestapo.

Outre d’être accusé de marché-noir, Tino est accusé de faire la propagande de l’armée italienne, ce qu’il nie farouchement. Tino Rossi précise que, fin 1941, il avait répondu à un journaliste de L’Alerte lui demandant de formuler un vœu pour son île natale en 1942 : « qu’elle reste toujours française ».

Il lui est aussi reproché d’avoir chanté pour la LVF pendant l’occupation (le 1er mai 1942). L’enquête ultérieure prouvera qu’il y avait été contraint, comme d’autres vedettes d’ailleurs.

Mais de toute manière, le commissaire est d’un parti pris négatif dès le début de l’interrogatoire. Il tombe son masque et se dévoile : « Les Corses m’en ont assez fait voir. Foutez-moi ça au trou !», assène-t-il.

  • Le 8 novembre 1944, l’on apprend par voie de presse que Tino Rossi est écroué à Fresnes.
    • À partir de ce mois, Tino Rossi est interrogé par M. le Juge d’instruction Donsimoni.
  • Le 18 novembre 1944, Tino Rossi est à nouveau interrogé dans l’affaire Bonny-Laffont : il redéclare qu’il n’a jamais été en relation avec la bande de la rue Lauriston. On apprend que ses dires sont confirmés par un témoin.
  • Le 2 décembre 1944, Tino Rossi sollicite auprès de M. le Juge d’Instruction Donsimoni sa remise en liberté.
  • Le 24 décembre 1944 au soir, Tino Rossi, au cours d’une messe mémorable donnée dans la chapelle de la prison de Fresnes, interprète l’Avé Maria de Schubert, à la demande de M. l’Aumônier de la prison.
  • Le 27 décembre 1944, M. le Commissaire du Gouvernement accepte la remise en liberté provisoire de Tino Rossi.

En 1945, les nuages se dissipent enfin.

  • Le 4 janvier 1945, à la suite d’une détention de onze semaine durant laquelle il refuse obstinément l’aide d’un avocat et interdit à sa concubine Lilia Vetti de « donner un franc pour sa libération » au risque de le perdre, il est remis en liberté provisoire dès le lendemain par M. le Juge Donsimoni, en accord avec le Parquet, l’instruction ayant démontré que les charges présumées ne motivaient aucunement un quelconque maintien en détention.
    • Il est à signaler que chaque jour qu’a duré son emprisonnement, la seule femme qui venait voir Tino Rossi en prison pour le soutenir et lui porter à manger était Mlle Lilia Vetti… Ce qui renforce logiquement les liens après une épreuve pareille.
  • Définitivement libéré le 23 novembre 1946, il sera exempté de toute poursuite par le Commissaire du Gouvernement estimant l’instruction montée contre lui par l’équipe du commissaire Georges Clot assisté du commissaire Levitre, dont spécialement un certain Inspecteur « assez spécial » qui avait fait citer de « nombreux témoins » signalant son « comportement anti-français », dénuée de tout fondement.
  • Tino Rossi précise en outre avoir prêté sa voiture personnelle en Octobre 1943 à un réseau de Résistance pour transporter des armes et permettre plusieurs évasions (dont celle d’un général). Les duplicata de ces documents, récupérés par le biographe réputé Emmanuel Bonini lors de ses consultations aux Archives Nationales, seront publiés courant 2025 par nos soins.
  • Finalement, M. Tino Rossi reçoit — fait rarissime à l’époque — d’exceptionnelles excuses officielles concernant l’affaire judiciaire.

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Tino Rossi, après cette épreuve difficile, retourne d’abord en studio enregistrer quelques disques. Il nous donnera  deux immenses succès d’après guerre de l’été 1945 : Amor amor et le très langoureux Besame mucho.

Puis, Tino retrouve les studios cinématographiques où il tourne le film Sérénade aux Nuages, réalisé par André Cayatte au scénario particulièrement insouciant, où Tino nous donne deux beaux succès : Tango d’un soir et Chanson aux nuages.

  • Le 24 novembre 1945, Tino Rossi participe avec Mistinguett, José Luccioni et Nadia Dauty au Gala de charité des Corses, à l’Opéra Garnier de Paris.

Concernant l’époque de l’occupation, la commission d’épuration réexamine courant 1945 le déroulement de carrière de tous les artistes français pendant l’occupation. Au final Tino se voit sanctionné d’une peine légère. S’il convient de préciser que certains artistes ont été relaxés, d’autres furent sanctionnés légèrement, d’autres très lourdement voire définitivement avec interdiction d’exercer une activité dans le monde du spectacle à vie.

  • Le 12 décembre 1945, la Commission d’épuration du spectacle pour les artistes dramatiques, lyriques et les musiciens exécutants reporte sous huitaine sa décision concernant Tino Rossi.
  • Le 17 décembre 1945, la Commission d’épuration du spectacle pour les artistes dramatiques, lyriques et les musiciens exécutants réunie sous la présidence de M. Come, décide concernant Tino Rossi, d’une suspension de 4 mois à compter du 5 septembre 1945. Tino Rossi peut donc reprendre ses activités dès le 6 janvier 1946.

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