Découverte de l’artiste…
Étant né avant la disparition de Tino Rossi, j’ai découvert l’artiste comme tous les enfants d’alors par le sempiternel Petit papa Noël annuel, chanson qui a participé à sa richesse et à sa pérennité. À la maison, nous n’écoutions pas Tino Rossi, et nous n’avions aucun disque de lui.
Je me souviens bien de M. Rossi en 1983, avant son décès, pour l’avoir vu à la télévision aux actualités quelques mois avant sa disparition, il avait très mauvaise mine, et peu après, la triste nouvelle fut annoncée…
Puis, j’ai assez vite oublié Tino. Il est vrai qu’en ces années huitante, j’étais plutôt orienté New-Wave britannique comme Duran-Duran, Dépêche-Mode, Howard Jones, Tears for Fears, etc…
Quelques années ont passé, et en 1989, une dame d’un certain âge à l’époque, Madame Paulette Baronti, lorsque je lui ai dit que je possédais le phonographe-valise de mon grand’père maternel, me promit le 78 tours de Petit papa Noël, assez difficile à trouver avant l’arrivée d’internet et des plateformes d’échanges.
De mois en mois, elle ne le retrouva jamais, mais pour se faire pardonner, m’offrit en compensation un 33 tours contenant la célèbre chanson… Ce 33 tours était l’un des trois disques composant le coffret de ses 40 titres d’or édité en fin 1972.
Lorsque j’écoutai le disque, en fait, je ne fus pas du tout conquis par la chanson, et encore moins par les chansons les plus anciennes : je trouvais sa voix moche. Par contre, ses chansons les plus récentes, de 1963 à 1971, je les trouvais excellentes, j’aimais la voix de Tino, la qualité des orchestrations… Et je trouvais notamment l’interprétation de ce standard américain Till, adapté en Le monde et notre amour, tout simplement magistrale, sans que je m’en explique trop pourquoi. Me voici donc ferré avec un titre enregistré en 1971…
Je ne comprendrai que 15 années plus tard le pourquoi de mon refus initial vis-à-vis des chansons de Tino jeune… La raison en était purement technique. En effet, les anciennes chansons de Tino Rossi sont enregistrées à l’origine sur supports 78 tours. Or, le 33 tours qui m’avait été offert ne pouvait comporter que des repiquages de disques plus anciens, dont ensuite le spectre de fréquences et les harmoniques avaient été dégradés, tronçonnés, limités, comprimés, stérilisés bref… La voix de Tino Rossi ainsi que les orchestrations avaient été purement et simplement saccagées et il n’en ressortait plus aucune vie…
Courant 1992, je suis à Paris pour conclure mes études de Conducteur de Travaux ESTP – Eyrolles Paris, et je découvre, en récupérant des lots de vieilles cassettes vidéo VCR-Longue Durée, une cassette vidéo d’une émission TV de 1983, qui a la mauvaise idée de se désintégrer dès le premier visionnage, par dépolymérisation… Il s’agit d’une émission hommage à Tino Rossi. Je reste pétrifié en visionnant cette bande magnétique et je suis comme foudroyé en voyant Tino Rossi chanter L’heure exquise, de la veuve joyeuse, et je me dis alors que Tino Rossi était un grand homme… Et me voici définitivement conquis par un chanteur, un chanteur hélas disparu…